Picasso. Sculptures, BOZAR

When I read Roberta Smith's review (New York Times' co-chief art critic) of the 2015 Picasso Sculpture exhibition at the MoMa, which she praised as being "one of the best exhibitions you'll ever see at the Museum of Modern Art", I wished I could go see it. At the time, I had just moved to Glasgow and a trip to New York was definitely not on the cards. In 2016, the exhibition was hosted at the Musée Picasso in Paris and, although I was now in Europe, I couldn't visit it either. My third attempt was proverbially lucky as Picasso. Sculptures ultimately traveled to me and is now on view in Brussels at the BOZAR/Center For Fine Arts, the Belgian location for the show's third dazzling iteration.

As suggested in the eponymous title, Picasso. Sculptures gives an insight into the prolific Spanish painter's lesser known three-dimensional works. First of a kind in Belgium, this large exhibition is organized both chronologically and thematically and unfolds across eleven dedicated rooms.

About eighty of Pablo Ruiz Picasso's sculptures are on display in the Belgian edition. The Brussels' show differs from the ones in New York and in Paris most notably in its inclusion of fifteen of Picasso's paintings. The sculptures are also shown alongside African masks and miniature Iberian bronze figures from Picasso's personal collection and beside his own ceramics. Céline Godefroy's and Virginie Perdrisot's curatorial decision to pair Picasso's sculptures with the above-mentioned works stresses the influence that African and Iberian art had on the artist (who first discovered them in 1906-1907) and incites the viewer to pay attention to the formal parallels, singularities and cross-references between the various artworks on display. These combinations lay the ground for a unique, informative and pro-active viewing experience.

Upon entering the exhibition, the visitor is greeted by Bust of a Woman (1931), a frontally displayed cement sculpture whose expressive engraved eyes seem to look right through you. The bust is positioned on a large rectangular plinth in the center of the room and the viewer is forced to circle around the sculpture in order to proceed with her/his visit. As one walks around it, the bust's frontal female face becomes a profile, a three-dimensional quasi-rendering of the bust depicted in The Sculptor, an oil painting on board from the same year, portraying an artist in his studio, hung on the opposite wall. This introductory pairing sets the tone for the rest of the exhibition where the viewer is encouraged to engage with the works from multiple viewpoints, to actively shift her/his perspective in order to absorb the sculptures' volumes and to draw connections between painting and sculpture as her/his eye gleefully jumps from representations in three and in two dimensions.

The emphasis of the show is on Picasso's multi-faceted and inventive approach to a medium that he never trained for. The sculptures span from 1902 (Femme Assise) to the 1960s. As one progresses chronologically through the rooms, one follows the evolution of the painter's experiments with the medium as he acquires new techniques. I was struck by the variety of materials used by the artist in his constant search for new forms. The sculptures brought together range from being modeled in bronze to being carved in wood (Figure, 1907) to becoming assemblages of painted metal hung on the wall similarly to a painting (Violin, 1915) or to incorporating "ready-made" objects such as a strainer (Woman Head, 1931) or a seat and handlebar made of leather in Bull's Head (1942).

Picasso, Woman Head (1931)

Picasso, Woman Head (1931)

While Picasso's first experiments in three dimensions are figurative, the painter's cubist breakthroughs are progressively transferred into his sculptures, which become more akin to deconstructed "drawings in space". In cutting through the block of material he uses, Picasso allows his sculptures to stand in relationship to the space rather than simply in it (Figure, 1928). The bold black lines in his paintings translate into sculptures of void and transparency.

Picasso, Figure (1928)

Picasso, Figure (1928)

My personal highlights include the works Picasso made in his Boisgeloup studio, the ceramics that he painted over at the Atelier Madoura in Vallauris in the South of France and his playful sculptures in painted iron and sheet metal.

Picasso, Head of a Woman (1962)

Picasso, Head of a Woman (1962)

Picasso. Sculptures is a welcome opportunity to discover the three-dimensional work of one of the foremost painters of the 20th century and to gain insight into the interrelationships between his sculpture and his painting.

 

Picasso. Sculptures, BOZAR/Center for Fine Arts, Rue Ravenstein 23, 1000 Brussels, Belgium. On view until March 5, 2017.

Copyright © 2016, Zoé Schreiber

"Notre Congo/Onze Kongo", la propagande coloniale belge dévoilée, ULB

"Notre Congo/Onze Kongo", la propagande coloniale belge dévoilée est une exposition itinérante organisée par l'ONG CEC (Coopération par l'Education et la Culture).

Cette exposition est le fruit des recherches effectuées par Julien Treddaïu du CEC en collaboration avec l'historien Elikia M'Bokolo. Présentée pour la première fois en 2014 au Musée BELvue à Bruxelles, elle a depuis voyagé dans plusieurs autres villes, tant en Belgique qu'en France (notamment à Liège et à Lille).

Comme l'indique son intitulé, l'exposition se penche sur l'impact et sur l'étendue de la propagande coloniale déployée par le roi Léopold II pour le compte de l'Etat Indépendant du Congo (1885-1908) d'abord et par l'Etat Belge (1908-1960) ensuite.

"Notre Congo/Onze Kongo" propose une vaste sélection de documents graphiques, audiovisuels et sonores du temps de la colonie. Les organisateurs ont mis un point d'honneur à attirer l'attention du visiteur sur le pouvoir des images pour influer sur les mentalités. Comme le souligne le guide du visiteur: "L'image a été un élément fondamental dans la diffusion de l'idéologie coloniale tout au long du XXe siècle (...) A l'heure où les images sont omniprésentes et digérées de plus en plus rapidement, il apparaît essentiel de prendre le temps de les "redécouvrir" et de réfléchir à leur influence à travers le temps".

Vue de l'exposition ("Le Congo des manuels scolaires" et "vestiges et monuments").

Vue de l'exposition ("Le Congo des manuels scolaires" et "vestiges et monuments").

Le parcours, véritable cartographie des mentalités, des mythes et des stéréotypes de l'époque, est installé par thèmes dans trois salles. La première salle est consacrée à un documentaire qui contextualise les documents présentés. Ce documentaire introductif, narré par Elikia M'Bokolo, retrace les grandes étapes de l'histoire de la colonisation belge. Les salles suivantes présentent d'anciens manuels scolaires, des jeux pour enfants, des cartes géographiques, des affiches publicitaires et de cinéma, des objets de consommation, des cartes postales, des maquettes de monuments commandités par l'Etat et des objets d'art véhiculant des clichés sur le Congo et sur les congolais.

Vue de l'exposition ("noirauds et charité").

Vue de l'exposition ("noirauds et charité").

Le Congo est devenu "notre" Congo par le biais d'une campagne de propagande massive mise en oeuvre par l'Etat, l'Eglise et les entreprises coloniales. Cette campagne martelait de manière systématique les mêmes messages et les mêmes images afin de faire accepter le fait colonial et de forger l'inconscient collectif et l'imaginaire de toute une population.

Un "mur interactif" invite les plus curieux à choisir, dans une banque de données, les archives sonores ou audiovisuelles complémentaires qu'ils souhaitent consulter. Etant donné que la propagande coloniale s'est immiscée dans tous les pans de la société, un effort de concentration est nécessaire pour comprendre la portée de l'exposé. "Notre Congo/Onze Kongo" s'évertue à déconstruire les mythes fondateurs de la colonisation (comme le "progrès" et la "civilisation") et incite le visiteur à faire de même. Des panneaux informatifs et des frises chronologiques émaillent l'espace et proposent des "arrêts" sur certaines images pour en permettre une lecture iconographique. L'exposition encourage le visiteur à prêter attention aux codes de représentation des images. Qui est représenté? Comment et à quelles fins? Quels sont les messages véhiculés et à qui s'adressent-ils?

En outre, et à titre d'exemple, les documents relatifs à l'effort de guerre des congolais lors des deux guerres mondiales ainsi que le buste du premier universitaire congolais, Paul Panda Farnana, mettent en lumière des épisodes et des personnages trop souvent marginalisés dans l'histoire de la colonisation.

Vue de l'exposition (documents relatifs à l'effort de guerre des congolais lors des deux guerres mondiales).

Vue de l'exposition (documents relatifs à l'effort de guerre des congolais lors des deux guerres mondiales).

Buste de Paul Panda Farnana, Guillaume Charlier.

Buste de Paul Panda Farnana, Guillaume Charlier.

L'intérêt de l'exposition réside également dans sa capacité à entrelacer l'histoire de la Belgique à celle du Congo en montrant "comment les belges ont conçu, et ce pendant plus de quatre-vingts ans, leur rapport à l'autre en entretenant mythes et stéréotypes, souvent éloignés de la réalité". En fin de visite, les peintures populaires des congolais Tshibumba Kanda-Matulu et de Chéri Samba "dialoguent" avec une sélection d'oeuvres d'artistes belges, et proposent une autre lecture du fait colonial. Comme le souligne Elikia M'Bokolo: "Si la cible de la propagande coloniale a été la société belge dans ses différentes composantes, les congolais ont aussi été visiblement à leur tour façonnés par cette propagande".

Vue de l'exposition ("peinture populaire").

Vue de l'exposition ("peinture populaire").

Matongue Porte de Namur! Porte de l'Amour? Cheri Samba.

Matongue Porte de Namur! Porte de l'Amour? Cheri Samba.

"Notre Congo/Onze Kongo" s'inscrit dans le sillage de la critique postcoloniale qui, pour citer le théoricien Achille Mbembe, s'efforce de "déconstruire la prose coloniale, c'est-à-dire le montage mental, les représentations et formes symboliques ayant servi d'infrastructure au projet impérial". En rayant l'adjectif "notre" et en le remplaçant par l'adjectif "votre", les organisateurs s'insèrent dans une logique de déconstruction de l'inconscient collectif lié au Congo, source, aujourd'hui encore, de stéréotypes et de discriminations.

Affiche de l'exposition.

Affiche de l'exposition.

Pour celles et ceux qui souhaiteraient approfondir la problématique, le CEC propose un programme d'activités organisées autour de "Notre Congo/Onze Kongo". J'ai eu l'occasion d'assister, dans le courant du mois d'octobre, aux très intéressants "Colonial Tours", proposés par le Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations (CMCLD). Ces "promenades" permettent de visiter, sous la houlette d'un guide, les vestiges de la colonisation qui essaiment l'espace public et urbain bruxellois. Des conférences et autres évènements sont prévus d'ici la fin du mois de décembre. Avant de conclure, je tiens à attirer votre attention sur le fait que vous pouvez aller visiter au Bozar et ce jusqu'au 22 janvier 2017, l'exposition Congo Art Works: Peinture Populaire organisée par l'artiste Sammy Baloji et l'anthropologue Bambi Ceuppens et, jusqu'au 23 décembre, l'exposition sur Les zoos humains: L'invention du sauvage à la Cité Miroir à Liège.

 

"Notre Congo/Onze Kongo", la propagande coloniale belge dévoilée, Salle Allende, ULB, campus Solbosch (bât F1) - 22-24, Av. Paul Héger, 1050 Bruxelles, Belgique, jusqu'au 17 décembre.

Copyright © 2016, Zoé Schreiber

STEP UP! Belgian Dance and Performance on Camera 1970-2000 – Chapter 1, ARGOS Center For Art and Media

STEP UP! Belgian Dance and Performance on Camera 1970-2000 is an exhibition series hosted by the Argos Center for Art and Media. The program on offer will run over a 9-month period. It is divided in three chapters and focuses on dance and performance as viewed through the lens of filmmakers and artists hailing from Belgium.

STEP UP's first chapter encompasses two group shows, the first one closes on November 13th and the following chapter will be on display from November 16th until December 18th, 2016. The last two chapters are scheduled for Spring and Summer 2017. If the first iteration of STEP UP! is representative of the exhibition series as a whole, this dynamic and well-orchestrated exhibition foreshadows an exciting cycle of events.

STEP UP! Chapter 1 installation view.

STEP UP! Chapter 1 installation view.

STEP UP! Chapter 1 sheds light on thirty years of Belgian creative output at the junction of video and the performing arts. It brings back to mind that Belgium has been a fertile ground for dance and that Brussels was once considered the contemporary dance capital of Europe. Eight films are presented featuring choreographies by Anne Teresa De Keersmaeker, José Besprovsvany, Michèle Anne De Mey, Vincent Dunoyer, Roxane Huilmand and Marc Vanrunxt. The works vary in length (five minutes to an hour), format (color or black and white) and time of production (spanning from 1978 to 2001). They are presented simultaneously in Argos' ground floor gallery, a spacious dark room segmented into well-defined viewing spaces created by colored panels and the screens themselves.

The works are displayed in a variety of ways, allowing for a rich viewing experience in which the visitor can decide to focus on a singular work or to view the works collectively, drawing connections between the eclectic yet related selection of moving images and performances. The films are either projected on large cinema-like surfaces (Rosas dans Rosas, Thierry de Mey, 1997 and Muurwerk, Wolfgang Kolb, 1987), on TVs installed on stands at eye-level (Superposition, Filip Francis, 1978; Dance of the Seven Veils, Anne-Mie Van Kerckhoven, 1991 and Evento, Marie André, 1986-1987), on a TV monitor positioned on the floor (Super-Superposition, Luc Deleu, Filip Francis & Wout Vercammen, 1978) or on large rear projection screens that add transparency and a sculptural quality to the films in permitting viewing from both sides (The Princess Project, Vincent Dunoyer, 2001 and Face à face, Eric Pauwels, 1989).

STEP UP! Chapter 1, installation view.

STEP UP! Chapter 1, installation view.

Although each work has a dedicated sitting space, the layout doesn't encourage the viewer to contemplate the films in isolation or to dedicate her/his full attention and time to each and everyone of them. Some works are more engaging than others and the group presentation of eight audiovisual works in the same space entails that the sounds of the different pieces inevitably blend into each other in a mood-creating yet somewhat dissonant way.

The common thread binding the works resides in the presented films' cinematic value, one that exceeds the mere recording and documenting of a live performance or dance. As the curators of the show Andrea Cinel and Ive Stevenheydens put it: "Of importance is that the videos on view are also creative (...) the works included in the exhibition were almost all intended to be films." The camera is used as an observation tool and, through various cinematic techniques, the filmmakers heighten the viewer's perception and experience of the dancers' movements. The resulting films add another dimension to the choreographies they document and to the performances they record and act as a springboard to explore plastic forms.

While Thierry de Mey uses a musical soundtrack, fast-paced editing and jump cutting between performers in close-up frontal takes to echo the repetitiveness and endurance-based character of Anne Teresa De Keersmaeker's Rosas dans Rosas, Eric Pauwels conveys the fluidity of Michèle Anne De Mey and Pierre Droulers' steps in Face à face by accompanying the dancers' movements with his camera. Some filmmakers adopt a less mimetic approach and experiment with superimpositions to create a distinct aesthetic (Anne-Mie Van Kerckhoven's kaleidoscopic rendering in Dance of the Seven Veils of Marc Vanrunxt's performance) and to convey an additional layer of meaning that couldn't have been communicated in the live performance. The Princess Project, in which Vincent Dunoyer overlaps two video recordings filmed at the same angle and distance of him performing, is a case in point: the superimposition creates a fictional mirror image of Dunoyer as he engages in a duet with his spectral alter ago.

Rosas dans Rosas, Thierry De Mey, 1997, 54', colour, sound.

Rosas dans Rosas, Thierry De Mey, 1997, 54', colour, sound.

Face à face, Eric Pauwels, 1989, 38'30”, colour, sound and Muurwerk, Wolfgang Kolb, 1987, 26'56”, b&w, sound in the background.

Face à face, Eric Pauwels, 1989, 38'30”, colour, sound and Muurwerk, Wolfgang Kolb, 1987, 26'56”, b&w, sound in the background.

The Princess Project, Vincent Dunoyer, 2001, 27'20”, colour, silent.

The Princess Project, Vincent Dunoyer, 2001, 27'20”, colour, silent.

The cumulative effect of viewing these films simultaneously creates a compelling visual environment that pulses to the rhythm of the choreographies. I felt drawn to walk throughout the space, taking in parts of the films at a time and going back to the ones I was most curious about. I was particularly enthused by Wolfgang Kolb's Muurwerk in which the camera acts as a framing device, containing dancer and choreographer Roxane Huilmands' movements in a claustrophobic black and white quasi-photographic space. The static shots and the wall against which she performs along with the dramatic use of music, convey the sense of a constricted space limiting and conditioning the dancers movements.

Muurwerk, Wolfgang Kolb, 1987, 26'56”, b&w, sound.

Muurwerk, Wolfgang Kolb, 1987, 26'56”, b&w, sound.

I found that there was something mesmerizing about the experience of feeling my eyes examine and take in these works together, jumping from one screen to another in order to follow the differently scaled dancers entering and exiting the various frames that coexist in this cinematic gallery space. The energy emanating from the performers and dancers in the films is palpable and I felt their presence in an almost tactile way.

As the curators note in discussing Face à face by Eric Pauwels (1989): "Filming dance often brings up the basic questions of cinema: where should the director position the camera and how should it move? When and how should the director edit the recorded material? Filming dance means dealing with a contradiction: showing the performance in its choreographic dimension, in its duration, but also rewriting the body of the dance in the movement of the camera, in the editing." STEP UP! Chapter 1 is a welcome opportunity to experience the creative ways in which different practitioners have addressed and answered these questions in Belgium and I'm looking forward to more.

 

Argos Center for Art and Media, Werfstraat 13 rue du Chantier, 1000 Brussels, Belgium.

Copyright © 2016, Zoé Schreiber

“Listen to your eyes”: une journée au Voorlinden Museum

Le Musée Voorlinden à Wassenaar en Hollande vaut le détour. Cette fondation privée se situe dans une banlieue huppée de La Haye, à deux heures de route de Bruxelles. Conçu par le bureau d'architecture rotterdamois Kraaijvanger Architects, cet espace ample et lumineux abrite et propose au public, depuis le 11 septembre dernier, la collection d'art moderne et contemporain de l'industriel hollandais Joop van Caldenborgh. En sus des nombreuses galeries, le musée dispose d'une salle de conférence, d'une somptueuse bibliothèque conçue par l'architecte d'intérieur milanais Andrea Milani et d'un atelier de restauration. Les baies vitrées qui encadrent le musée donnent sur un jardin "sauvage" imaginé par le paysagiste Piet Oudolf à qui l'on doit la High Line de Manhattan.

Deux expositions temporaires figurent au menu inaugural, Ellsworth Kelly : Anthology et Full Moon.

La première exposition met à l'honneur le peintre et sculpteur américain Ellsworth Kelly qui s'est éteint le 27 décembre 2015 alors que les préparatifs de l'exposition étaient en cours. Ellsworth Kelly : Anthology est la première rétrospective européenne consacrée à l'artiste depuis son décès et la première aux Pays-Bas depuis l'exposition de 1979 au Stedelijk Museum d'Amsterdam.

Cette exposition, conçue par Joop van Caldenborgh en personne en collaboration avec le curateur Rudi Fuchs, présente les magnifiques "shaped canvas" et panneaux monochromes, les collages ainsi que les dessins de cet artiste majeur. Blue Ripe (1959), qui est l'une des premières oeuvres collectionnées par van Caldenborgh, accueille d'entrée de jeu le visiteur. Des oeuvres prêtées par le MoMA de New York et La Tate de Londres, entre autres, viennent compléter la collection du Musée Voorlinden. L'architecture "sur-mesure" du musée sert d'écrin optimal aux oeuvres présentées. La sensation d'osmose entre le lieu et les oeuvres m'a rappelé la sensation que j'avais ressentie lors de ma visite de la fondation DIA:Beacon dans l'Etat de New York aux Etats-Unis, et ce n'est pas peu dire!

Ellsworth Kelly, Blue Ripe (1959)

Ellsworth Kelly, Blue Ripe (1959)

Ellsworth Kelly : Anthology est à voir au Musée Voorlinden jusqu'au 8 Janvier 2016.

Ellsworth Kelly : Anthology est à voir au Musée Voorlinden jusqu'au 8 Janvier 2016.

La seconde exposition temporaire intitulée Full Moon, propose une mise en bouche non linéaire d'oeuvres qui figurent dans la vaste collection de M. van Caldenborgh. M. van Caldenborgh et la curatrice Suzanne Swarts nous montrent et pour ne citer que quelques exemples, un tableau de Jan Sluiters qui sert de tremplin à l’exposition, un Marcel Broodthaers qui dialogue avec un tableau de René Magritte, deux photographies de Rineke Dijkstra, une installation d'Esther Tielemans mais aussi un portrait-relief d'Yves Klein, deux natures mortes de Morandi, une oeuvre de Robert Gober, la table à trois pieds d'Ai Wei Wei, un lit de Guillermo Kuitca et des aquarelles d'Olafur Elliasson...

Michaël Borremans The egg (2007-2010) et Tom Friedman untitled (apples) (2012)

Michaël Borremans The egg (2007-2010) et Tom Friedman untitled (apples) (2012)

Chen Zhen Un-interrupted voice (1998)

Chen Zhen Un-interrupted voice (1998)

Les oeuvres de la collection permanente jouent quant à elles sur les idées préconçues et donnent à voir des objets familiers présentés de façon surprenante. Que ce soit l'ascenseur miniaturisé de Maurizio Cattelan, le couple hyperréaliste et plus grand que nature de Ron Mueck ou les casseroles de Maha Malluh... Certaines galeries du musée ont même été conçues en fonction des oeuvres qu'elles accueilleraient comme c'est le cas pour Open Ended, la sculpture monumentale et anxiogène de Richard Serra, les "cylindres translucides" de Roni Horn ou encore le Skyspace de James Turrell... Leandro Erlich résume bien la vocation de la collection quand il dit, en parlant de son oeuvre Swimming Pool: "L'oeuvre propose au visiteur une expérience unique. Si vous voyez l'oeuvre personnellement, vous n'oublierez jamais que vous l'avez vue."

Maha Malluh Food for though - Al mu'allaqat (2014)

Maha Malluh Food for though - Al mu'allaqat (2014)

Roni Horn untitled (2012-2013)

Roni Horn untitled (2012-2013)

Leandro Erlich, Swimming Pool (2016)

Leandro Erlich, Swimming Pool (2016)

La collection amène constamment le visiteur à questioner sa perception du réel, et à l'instar du néon de Maurizio Nannucci, l'incite à Listen to Your Eyes (écoutez vos yeux).

Maurizio Nannucci, Listen to your eyes (2015)

Maurizio Nannucci, Listen to your eyes (2015)

Copyright © 2016, Zoé Schreiber