Trevor Paglen

Trevor Paglen, Trinity Cube, 2015 Irritated glass from Fukushima Exclusion Zone, Trinitite 7 ⅞ × 7 ⅞ × 7 ⅞ in. Installation view, Fukushima, Japan, 2015 – ongoing

« La science peut mener à la découverte de l'énergie atomique mais elle ne peut pas nous préserver d'une catastrophe nucléaire. » — Vaclav Havel

Dans ses oeuvres polymorphes, l’artiste américain Trevor Paglen (1974-) lève le voile sur les rouages de la technologie et sur les arcanes du pouvoir. En 2015, il crée, dans le cadre d’une exposition collective, Trinity Cube, une sculpture radioactive qui combine debris en verre de l’explosion de Fukushima (2011) et résidus du premier essai nucléaire réalisé par les États-Unis dans le désert du Nouveau-Mexique (1945). Organisée dans la zone d’exclusion de la centrale de Fukushima au Japon, l’exposition ne sera "accessible" au public que lorsque le taux de radioactivité sera repassé en deçà du seuil critique. D’ici là, ladite sculpture sera devenue le receptacle d’innombrables radiations. Une oeuvre conceptuelle à l’image du travail de l’artiste qui n’a de cesse d’interroger dans sa pratique artistique, la frontière ténue entre le domaine du visible et de l’invisible.


Copyright © 2023, Zoé Schreiber

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Alfredo Jaar

Alfredo Jaar, Gold in the morning H, light box with color transparency, 102 x 153 x 15cm, 1985. Image courtesy the artist, Marian Goodman Gallery, Kamel Mennour, Galerie Lelong

« Vous ne prenez pas une photographie, vous la faites. » — Ansel Adams

Artiste, architecte et réalisateur chilien, Alfredo Jaar (1956-) place au premier plan de ses oeuvres engagées, les injustices et les crises humanitaires qui secouent le monde. Depuis les années 80, il se penche sur les relations de pouvoir entre l’hémisphère nord et l’hémisphère sud et interroge le statut documentaire et l’éthique de la représentation. Dans sa série intitulée Gold in the Morning (1985), il braque son objectif sur la mine à ciel ouvert de Serra Pelada au nord-est du Brésil et documente le rude travail des grimperos (chercheurs d'or). Les tonalités mordorées et le rétro-éclairage des tirages montés sur des caissons lumineux évoquent l’éclat du métal précieux qui pousse ces hommes à risquer leur vie. Il crée ses oeuvres en réponse à des situations réelles et, pour lui, « nulle image est innocente. »


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Véra Molnar

Véra Molnar, Sainte Victoire en rouge, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2019. Courtesy galerie Oniris

« Le hasard, c'est le purgatoire de la causalité. » — Jean Baudrillard

Pionnière de l’art numérique, la peintre française d’origine hongroise Véra Molnar (1924-) n’a de cesse d’explorer les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies. Fascinée par la logique mathématique et par les synergies entre l’ordre et le désordre, le prévisible et l’imprévisible, l’équilibre et le déséquilibre, le quantifiable et l’incommensurable, elle s’appuie sur des algorithmes pour réaliser ses abstractions géométriques. Exécutées à la main ou à l’aide d’un ordinateur, et ce dès la fin des années 60, ses combinaisons aléatoires de formes et de couleurs font bouger les lignes en jouant sur la notion de transformation, de chevauchement et de déplacement. La programmation est la clef de voute de sa création. Selon ses propres mots: « Je fais beaucoup de lignes, parfois les lignes se referment et ça fait des formes, parmi ces formes il y a beaucoup de carrés, simplement parce que j’adore les carrés. »

Copyright © 2023, Zoé Schreiber

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