ÉDITORIAL • 10 SEPTEMBRE 2022
Férus d’aventure spatiale, spectateurs et badauds devront se résoudre à prendre leur mal en patience dans l’attente de l’annonce de la prochaine fenêtre de tir. Après un premier essai raté, un nouvel incident technique a renvoyé aux calendes grecques le baptême de l’air de la mega-fusée orange et blanche SLS (Space Launch System) et du vaisseau spatial Orion. Si le programme Artemis (baptisé ainsi en écho à la sœur jumelle du dieu grec Apollon) a pour objectif premier de prendre le relais de la dernière mission Apollo et d’être annonciateur du retour des américains sur la Lune, il devrait surtout, dans un avenir plus ou moins proche, servir de tremplin à l’odyssée martienne. L’immense nuage de flammes qui entoure la fusée de Michael Kagan ravive le souvenir du démarrage du compte à rebours et de la magie du décollage.
Le décès de la reine Élizabeth II (1926-2022) scelle la fin d’une époque, la fin d’une certaine conception de la royauté et tourne définitivement une page de l’histoire du Royaume-Uni. Monarque de quinze nations et cheffe du Commonwealth, Elizabeth II a régné pendant sept décennies. 80% des britanniques n’ont connu la monarchie qu’à travers celle qui, par sa longévité exceptionnelle, a traversé les grands événements qui ont façonné le XXème siècle. Figure de stabilité et de continuité dans un monde en constante mutation, elle a été le témoin de la fin de la guerre froide, de la décolonisation, de la disparition de l’Empire britannique et de son évolution vers le Commonwealth, de la conquête spatiale, de l’évolution des mœurs, de l’explosion du numérique, de l’adhésion de la Grande-Bretagne à l’Union européenne et du Brexit, de la pandémie de Covid-19… "Ne jamais se plaindre, ne jamais s’expliquer", telle était la devise qui lui a servi de boussole pendant les 70 ans qu’elle a navigué sur le trône. Que l’on soit favorable ou non à la monarchie, on ne peut s’empêcher de penser, en découvrant le portrait d’Elizabeth II adolescente qu’offre à notre regard Elizabeth Peyton, que c’est bel et bien une icône qui nous a quitté.
Restez curieux et bonne lecture!
Zoé Schreiber