NEWSLETTER • 17 JUNE 2023

ÉDITORIAL • 17 JUNE 2023

En début de semaine, ce n’est pas une marée noire mais une marée de poissons morts qui s’est déversée sur les côtes du Golfe du Texas. Une catastrophe naturelle probablement imputable aux conditions climatiques. En effet, il n’y a pas que de ce côté de l’Atlantique que le mercure s’affole, tant s’en faut. Les températures caniculaires et l’absence de vent ont entraîné la hausse de la température de l’eau qui a parfois tutoyé les 26 degrés Celsius. À l’instar des êtres humains, les poissons ont besoin d’oxygène pour survivre. Des études scientifiques montrent que le réchauffement des eaux accroît l’incidence de l’hypoxie (manque d’apport en oxygène) dans la mesure où l’eau chaude contient moins d’oxygène que l’eau froide. Les dizaines de milliers de poissons qui se sont échoués sur les plages sont morts asphyxiés, un phénomène qui n’est pas en soi exceptionnel mais qui, selon les experts, risque de se reproduire de plus en plus souvent… Cette vision apocalyptique contraste avec la vivacité du tournoiement du banc de poisson dépeint par Yayoi Kusama.

Retrouvés sur les plages, des corps sans vie font une nouvelle fois la une de l’actualité. À nouveau drame, nouvelles images et toujours, en filigrane, la tragédie de l’immigration clandestine. Au large de la péninsule du Péloponnèse, une embarcation bondée de migrants a chaviré. Il s’agit de l’un des pires naufrages qu’ait connu la Grèce depuis 2016. Sur les centaines de passagers qui se trouvaient à bord du navire, seule une centaine ont échappé à la noyade et seuls 78 corps ont pu être retrouvés. Un bilan humain provisoire dont l’ampleur frappe les esprits. Les milliers d’offrandes votives métalliques qui tapissent la sculpture de Kalliopi Lemos évoquent non seulement des écailles de poissons mais témoignent aussi des espoirs déçus de ceux qui ne survivent pas à la traversée de la mer Méditerranée.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 10 JUNE 2023

ÉDITORIAL • 10 JUNE 2023

La faune entomologique est en voie de disparition. À en croire les scientifiques, nous assistons “à l’épisode d'extinction le plus massif” depuis la disparition des dinosaures. À plus ou moins long terme et bien qu’elle soit omniprésente dans le monde, l’abeille est elle aussi menacée. Chronique d’une mort annoncée pour le moins inquiétante dans la mesure où ce petit insecte butineur est essentiel aux écosystèmes planétaires. En plus de nous donner notre miel quotidien, il pollinise plus de 90 végétaux et entretient la biodiversité. Pesticides, substances chimiques, agriculture intensive, pathogènes, parasites et prédateurs sans oublier le changement climatique contribuent probablement au syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles qui frappe tant les espèces domestiques que sauvages aux quatre coins de la planète. Que cela fasse 30 millions d’années qu’ils bourdonnent sur terre ne change rien au problème: nos chers apidés sont en danger et, afin d’éviter qu’ils ne tombent comme des mouches, à nous de veiller à améliorer la qualité de leur environnement. Créée à partir de cire d’abeille, la sculpture de Tomáš Libertíny met en exergue la collaboration entre l’homme et la nature.

Quand le Canada brûle c’est tout le nord-est des Etats-Unis qui suffoque. Charriées par les vents, les microparticules de fumée ont enveloppé New-York qui est devenue brièvement, en ce milieu de semaine, la ville la plus irrespirable au monde devant Dacca au Bangladesh et New Delhi en Inde. La pollution atmosphérique et la dégradation de la qualité de l’air affectent non seulement l’environnement mais aussi la santé des populations. L’installation immersive de Michael Pinsky rappelle qu’il est urgent de réduire les émissions toxiques et polluantes.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 3 JUNE 2023

ÉDITORIAL • 3 JUNE 2023

Depuis plus de deux décennies, une crise sanitaire sans précédent balaie les États-Unis. Au cœur du scandale, une famille de philanthropes omniprésente dans le monde de l’art et des institutions universitaires et culturelles. Propriétaire du laboratoire Perdue Pharma, la famille Sackler est, depuis quelques années, sous le feu des projecteurs. Elle est en effet accusée d’avoir contribué à l’épidémie d’opïoides en commercialisant, dans les années 1990, un puissant analgésique qu’elle savait extrêmement addictif. À ce jour, l’empire pharmaceutique familial aurait entraîné le décès par overdose de plus de 500 000 personnes et provoqué un raz-de-marée de violence et d’addiction. Après des années de procès, une décision judiciaire vient d’être prise par une cour d’appel fédérale. Elle garantit l’immunité totale aux membres de la famille Sackler en échange d’une augmentation significative du montant à verser aux programmes de traitement et de prévention de la toxicomanie ainsi qu’aux victimes et à leurs familles. Les cachets qui traînent sur le bureau de Nan Goldin rappellent de façon subliminale qu’outre-Atlantique ce sont souvent les prescriptions médicamenteuses d’opïoides qui ont servi de tremplin à l’addiction à des substances illicites.

En adoptant en début de semaine le projet de loi dit du “marquage temporel”, les députés brésiliens viennent non seulement d’infliger un camouflet au président mais aussi aux défenseurs de l’environnement et de la cause indigène. En effet, ledit projet limite les droits des peuples autochtones aux seules terres qu’ils occupaient au moment de la promulgation de la constitution de 1988. S’il est approuvé par le Sénat, il facilitera la privatisation et la déforestation de millions d’hectares de forêt amazonienne. La jeune yanomami photographiée allongée dans l’eau tel un corps inanimé par Claudia Andujar nous permet de prendre la mesure de la lutte pour la survie à laquelle sont contraintes les populations indigènes du Brésil.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 27 MAY 2023

ÉDITORIAL • 27 MAI 2023

Les ruptures d’approvisionnement et les tensions sur les stocks de médicaments dits "d’intérêt thérapeutique majeur” (antibiotiques, antiépileptiques, anti-cancéreux, anticoagulants, etc…) inquiètent tant les professionnels de santé que les malades. Si la pénurie est bel est bien un phénomène mondial qui a sans doute été exacerbé par la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, c’est un problème auquel les autorités et l’industrie pharmaceutique admettent être confrontées de longue date. Il s’explique en partie, et en partie seulement, par des décennies de delocalisation de la fabrication des médicaments dans des pays à bas coût salarial et où les exigences environnementales sont moindres. La mondialisation a eu pour conséquence de concentrer la production de 80% de certaines molécules et principes actifs en Asie, principalement en Inde et en Chine, et d’accroître de ce fait la dépendance vis-à-vis d’une poignée de pays. La “polypharmacie” de Beverly Fishman rappelle de façon subliminale que pour certains patients la continuité des traitements est une question de vie ou de mort.

Le recyclage a aujourd’hui le vent en poupe et est brandi comme la panacée pour résoudre la crise environnementale. Pourtant, tout ne se recycle pas et, comme en atteste une étude récente, certains gestes soi-disant écologiques ne le sont pas tant que ça… À ce titre, en libérant des microparticules toxiques tant pour la santé que pour l’environnement, le recyclage du plastique entraîne lui aussi son lot de pollution. Les poubelles de tri sélectif dépeintent par Michael Craig-Martin laissent entendre qu’il ne suffit pas d’une couche de vernis vert pour sauver la planète de ses déchets.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 20 MAY 2023

ÉDITORIAL • 20 MAI 2023

Le travail forcé par le recours à la violence ou à l'intimidation est une forme d’esclavage moderne qui impacte, selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), encore plus de 27 millions de personnes. En France, une coalition pour la défense des droits humains vient de pointer une nouvelle fois du doigt les géants de la fast fashion qu’elle accuse d’entretenir des liens avec des sous-traitants qui ont recours au travail forcé. D’après les plaignants “un vêtement en coton sur cinq pourrait être entaché par le travail forcé des Ouïghours”, une ethnie de langue turque et de religion musulmane majoritaire dans la province chinoise du Xinjiang. Si la Chine est le plus gros producteur de coton au monde et si près de 84% de sa production totale provient bel et bien de cette province du nord-ouest, le gouvernement chinois a toujours nié la persécution des populations musulmanes qui y vivent. Il n’en demeure pas moins qu’il n’y a que rarement de fumée sans feu et que l’assainissement des chaînes d’approvisionnement de l’industrie textile mériterait d’être mis à l’ordre du jour. En confrontant une minuscule figurine face à une gigantesque montagne de tissu, l'installation de Liliana Porter dénonce des conditions de vie et de travail contraires à la dignité humaine.

Le 20 mai 1983, une équipe de virologues de l’institut Pasteur identifiait et isolait le virus du VIH/Sida, un virus qui frappa de plein fouet la communauté homosexuelle et décima toute une génération. 40 ans jour pour jour depuis le début de la pandémie et près de 40 millions de morts plus tard, la page n’est toujours pas tournée et le vaccin, reste, après des années de recherche, de l’ordre du fantasme. Symbole homophobe imposé aux hommes homosexuels dans les camps de concentration, le triangle rose dépeint par Keith Haring ne pointe plus vers le bas mais vers le haut et est aujourd’hui un symbole fort et durable de la lutte contre le Sida.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 13 MAY 2023

ÉDITORIAL • 13 MAI 2023

S’il est scientifiquement impossible d’attribuer chaque événement météorologique au changement climatique, il n’en demeure pas moins que le constat est sans appel: depuis une cinquantaine d’années, les catastrophes climatologiques se multiplient et s’intensifient. Le réchauffement du climat mondial exacerbe les phénomènes météorologiques extrêmes et entraîne des conséquences dramatiques tant sur l’homme que sur l’environnement. Les inondations et les glissements de terrains meurtriers qui frappent actuellement l’est de la RDC (République démocratique du Congo) peuvent à ce titre être cités en exemple. Sorties de leur lit en raison des pluies torrentielles qui se sont abattues sur le terrain, les rivières ont submergé les villages et emporté maisons et villageois. On décompte à ce jour plus de 400 morts et plus de 5500 personnes sont portées disparues, un bilan provisoire qui devrait malheureusement encore s’alourdir. Photographiée en Afrique du Sud, l’œuvre de Richard Long nous rappelle en filigrane qu’alors qu’il ne contribue qu’à hauteur de moins de 4% des émissions de gaz à effet de serre, le continent africain subit d’ores et déjà de plein fouet et de manière disproportionnée les effets du dérèglement climatique.

Au Canada, ce sont de gigantesques incendies de forêt attisés par des vents violents qui ravagent l’ouest du pays. Dans la province de l’Alberta, au pays du pétrole roi, 400 000 hectares sont partis en fumée en quelques jours et des milliers de personnes ont été contraintes et forcées d’évacuer leurs logements. Composée de centaines de parallélépipèdes en céramique, la mosaïque de Teresita Fernández convoque un paysage incandescent à la fois hypnotisant et menaçant.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 6 MAI 2023

ÉDITORIAL • 6 MAI 2023

Aux États-Unis, la communauté trans est dans le viseur des membres du parti républicain et ces-derniers s’échinent à mettre les droits des personnes transgenres sur la sellette. Tout est mis en œuvre, dans près de la moitié des états les plus conservateurs, pour légiférer afin d’empêcher les transitions de genre, pour restreindre les possibilités de modifier les actes de naissance, pour interdire l’accès aux toilettes publiques ou encore pour exclure les personnes trans des équipes sportives de leur choix. Le Montana est le dernier état en date à prendre une décision radicale en empêchant une élue démocrate ouvertement transgenre de siéger au parlement en raison de son opposition à une loi (depuis promulguée) qui rend inaccessible les soins hormonaux de réassignation aux mineurs transgenres. Ni homme, ni femme, la personne dépeinte par Leilah Babirye prône la diversité et rappelle de façon subliminale que “face à l'intolérance c’est à nous de faire la différence".

Tout arrive à qui sait attendre… Après avoir pris ses fonctions à la mort de la reine Elizabeth II, le 8 septembre 2022, Charles III sera enfin couronné aux côtés de son épouse Camilla, à l’abbaye de Westminster ce samedi 6 mai. Si Elizabeth II était célèbre pour son amour des corgis, les futurs souverains affectionnent quant à eux les Jack Russell. Quelle que soit la race, et comme en atteste la photo d’Elliott Erwitt, le chien reste l’un des meilleurs amis de l’homme pour qui toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête et sauter de joie.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 29 AVRIL 2023

ÉDITORIAL • 29 AVRIL 2023

En Europe, s’il est un drame écologique dont on n’entend guère pour ne pas dire pas parler c’est bien celui du déclin des poissons migrateurs d’eau douce. Qui dit poissons migrateurs en voie de disparition dit truites, saumons, esturgeons ou encore anguilles. En cause: les obstacles (barrages, digues et autres retenues d’eau) qui les empêchent de remonter les rivières comme bon leur semble et les privent d’un espace pour pondre leurs œufs. Si certains de ces barrages sont utiles, voire indispensables, 15% d’entre eux, petits et inutilisés, sont devenus obsolètes voire superflus et leur démantèlement est le moyen le plus efficace et le moins onéreux d’atteindre les objectifs de bonne qualité écologique des cours d’eau et de biodiversitė sur le continent. L’Europe s’est engagée à restaurer d’ici 2030, 25 000 km de rivière sans entrave sur son territoire et, à ce titre, cette année a été une année record dans la mesure où 325 barrages ont été démantelés dans 16 pays européens. On se plaît à croire que le banc de poissons esquissé par Pierre Tal-Coat ne sera bientôt plus de l’ordre du rêve mais bien de la réalité.

Si la Polynésie française a toujours été un paradis pour gastéropodes, les populations d’escargots endémiques ont été décimées dans les années 70 après l’introduction par l’homme d’escargots prédateurs originaires de Floride. Une dizaine d’espèces indigènes ont fait l’objet d’opérations de sauvetage et des milliers d’escargots ont été élevés en captivité dans des institutions zoologiques britanniques. Les premières réintroductions dans la nature datent de 2016. Il y a quelques jours, 5000 de ces minuscules créatures sont à nouveau rentrées au bercail et ont été relâchées sur la terre de leurs ancêtres. On ne peut que leur souhaiter, à l’instar des escargots motorisés de l’installation d’Urs Fischer, une “adaptation” rapide à leur nouvel environnement.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 22 AVRIL 2023

ÉDITORIAL • 21 AVRIL 2023

L’année 2023 a de bonnes chances de rester gravée dans les annales de l’histoire de la démographie mondiale. En effet, selon les estimations de l’ONU, à partir de cette date charnière et pour la première fois depuis bien longtemps, la Chine n’est plus le pays le plus peuplé du monde. Non seulement sa population vient de baisser pour la première fois depuis soixante ans en début d’année mais elle va de surcroît bientôt être coiffée au poteau par l’Inde qui deviendra dès lors la première puissance démographique de la planète. Avec plus d’1,4 milliard d’habitants, l’Inde mènera la course en tête et ce sans doute jusqu’à la fin du siècle. Le sous-continent fait figure de géant et compte plus d’habitants que tout le continent européen ou américain. Nul besoin d'être prophète pour prédire que ce colosse sera sans doute, quelle que soit l’ampleur des défis à relever, la prochaine grande puissance d’Asie. Tel un corps collectif, la ligne courbe dépeinte par Apurba Nandi met en lumière la croissance incontrôlée et le chaos urbain de mégapoles d’ores et déjà surpeuplées.

Une masse géante d’algues sargasses se dirige inexorablement vers les côtes de la Floride et des Caraïbes. La marée brune qui se déplace dans l’océan Atlantique fait deux fois la largeur des Etats-Unis et devrait déferler sur les plages en juillet. La prolifération de sargasses dans l’océan est en partie causée par le rejet d’engrais dans les cours d’eau, mais également par le réchauffement climatique. Si la présence d’algues sargasses est bénéfique pour la faune marine en pleine mer, lorsqu’elles échouent sur les plages, les algues asphyxient la faune et la flore aquatique et dégagent du sulfure d’hydrogène, un gaz qui peut provoquer des maux de tête, des vomissements voire des problèmes respiratoires. Bien que les algues immortalisées par Alice Pallot soient vertes et qu’elles défigurent quant à elles les côtes bretonnes, l’impact qu’elles font peser sur l’environnement n’en est pas moins pernicieux.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 15 AVRIL 2023

ÉDITORIAL • 15 AVRIL 2023

Moins d’un an après l’invalidation historique par la Cour suprême du droit constitutionnel à l’avortement, nouvel haro sur les droits des femmes à disposer librement de leur corps outre-Atlantique. Au cœur du débat et dans le viseur de la frange la plus conservatrice du parti républicain: la pilule abortive. Un juge fédéral du Texas a en effet suspendu, en fin de semaine dernière, l’autorisation nationale de mise sur le marché de l’une des deux pilules utilisées, depuis plus de vingt ans, pour les avortements médicamenteux de début de grossesse et a interdit par là aux médecins de la prescrire. Le ministère de la Justice et la FDA (l’agence américaine du médicament) ont annoncé dans la foulée faire appel de cette suspension. Une cour d’appel fédérale s’est prononcée en faveur du maintien temporaire de l’autorisation du recours à la pilule abortive avec des restrictions d’accès drastiques. Nouveau rebondissement vendredi: saisie par le président, la Cour suprême a suspendu les restrictions jusqu’en milieu de semaine prochaine. Le bras de fer juridique et médical est loin d’être gagné. L’œuvre de Marilyn Minter met en exergue la volonté patriarcale de “con-trôler” le corps des femmes et la montée en puissance d’une certaine Amérique pour qui les droits acquis par les femmes constituent une menace permanente.

Peut-on encore se fier à tout ce que l’on voit? À l’heure où les images générées par l’intelligence artificielle pullulent sur les réseaux sociaux, la lisière entre le vrai et le faux, l’information et la désinformation, est ténue. Maître du trompe-l’oeil, Liu Bolin camoufle sa silhouette dans ses clichés et nous encourage à nous interroger sur ce que l’on regarde, à scruter les images dans les détails et à chercher l’erreur.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 8 AVRIL 2023

ÉDITORIAL • 8 AVRIL 2023

La nature ne nous offre pas toujours ce qu’elle a de meilleur. Si le retour des beaux jours se fait encore attendre, le printemps s’est bel et bien invité dans nos contrées et, avec lui, son lot d’allergies. Yeux qui pleurent, nez qui coule, éternuements, toux, sensations de picotement… En cette saison, le rhume des foins touche de plus en plus de personnes. Floraison des arbres, des plantes, des fleurs et des graminées aidant, la présence accrue de pollens dans l’atmosphère irrite les muqueuses des plus sensibles. Au Japon, ce ne sont pas les cerisiers en fleurs qui causent les rhinites allergiques mais bien les nuages de pollen que libèrent, dès le retour de la belle saison, les cèdres et les cyprès qui ont contribué au reboisement massif des forêts dans l’immédiat après-guerre. Les allergies polliniques concernent non moins de 40% de la population de l’archipel, tant et si bien qu’elles sont aujourd’hui considérées comme un fléau national à éradiquer. Le tableau de Lois Dodd rappelle que, pour d’aucuns d’entre nous, le spectacle de l’éveil de la nature est plus agréable à contempler de loin voire même en peinture.

Toits arrachés, arbres déracinés, voitures renversées, quartiers entiers réduits à néant après le passage de tornades dévastatrices dans le Sud et le centre des États-Unis. La sculpture monumentale d’Alice Aycock laisse rêveur sur la force cinétique et le chaos que peut semer l’intensité du tourbillon au coeur de la tornade.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 1 AVRIL 2023

ÉDITORIAL • 1 AVRIL 2023

Il y a bientôt 24 ans, un puissant ouragan nommé David s’abattait sur les côtes de Floride. Aujourd’hui, c’est un David d’un tout autre genre qui fait la une. Au cœur de la polémique, la célèbre statue éponyme de Michel-Ange dont la nudité et la virilité ont été qualifiées de “pornographiques” par certains esprits bien-pensants. Une enseignante d’arts plastiques a été contrainte de démissionner pour avoir eu la malencontreuse idée de montrer, dans le cadre de son cours et sans autorisation préalable de la direction, la photo du chef-d’œuvre emblématique de la Renaissance italienne à ses élèves âgés de 11 et 12 ans. La controverse s’inscrit dans un climat politique qui fait prévaloir en Floride le droit de regard des parents sur le contenu des programmes scolaires et qui interdit aux écoles publiques d'enseigner l’éducation sexuelle et de faire référence à l’identité de genre. En appliquant un miroir sur le moulage en plâtre de l’œil de David, Giulio Paoloni nous invite non seulement à nous interroger sur la représentation mais aussi sur comment les œuvres de l’antiquité classique dialoguent avec le présent.

Nouveau coup de tonnerre dans le ciel médiatique outre-Atlantique. Un grand jury d’un tribunal new-yorkais a voté l’inculpation au pénal de l’ancien locataire de la Maison Blanche. Une première historique sans précédent dans la mesure où aucun ancien président ou président en exercice n'a jamais fait l'objet de poursuites pénales aux États-Unis. Celui qui a d’ores et déjà annoncé sa candidature en vue de l’élection présidentielle de 2024 et qui fait la course en tête des primaires républicaines devra, dans les jours à venir, se soumettre au prélèvement de ses empreintes digitales, se faire tirer le portrait comme un prévenu et plaider coupable ou non coupable. La photographie de Thomas Demand rappelle de façon subliminale que nul n’est au-dessus des lois.

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NEWSLETTER • 25 MARS 2023

ÉDITORIAL • 25 MARS 2023

Si on pouvait hier encore “vivre d’amour et d’eau fraîche”, aujourd’hui l'épuisement des réserves d'eau potable menace l’avenir de la planète bleue. Publié le 22 mars dans le cadre de la journée mondiale de l’eau, un rapport conjoint de l’ONU et de l’UNESCO tire la sonnette d’alarme. D’ici à l’horizon 2050, l’accès à l’eau potable, ressource vitale et indispensable s’il en est, va lentement mais inéluctablement se raréfier. L’urbanisation croissante et la démographie galopante sont au cœur des enjeux liés à la crise de l’eau dans la mesure où, selon les estimations de la Banque mondiale, la demande dans les villes devrait progresser de plus de 50% au cours des 30 prochaines années. Bien que le réchauffement climatique aggrave le stress hydrique, la bonne gestion des ressources en eau douce (dans le secteur agricole, qui est de loin le plus grand consommateur, mais aussi dans les secteurs énergétiques, industriels, etc...) doit elle aussi être examinée et révisée. Avec la multiplication des sécheresses et des inondations et la perte de la biodiversité, la crise de l'eau et de l’assainissement sont les défis majeurs des décennies à venir. Le banalité du verre vide dépeint par Peter Dreher fait immanquablement penser au spectre de la pénurie annoncée qui plane d’ores et déjà sur certaines grandes métropoles du monde.

Chaque année aux Pays-Bas, l’inauguration du plus grand jardin floral d’Europe sonne le glas de l’hiver et ouvre le bal de la saison printanière. Les visiteurs du parc de Keukenhof pourront admirer, jusqu’à perte de vue, des parterres composés de milliers de tulipes certes mais aussi de jonquilles, jacinthes et crocus. La symphonie de couleurs immortalisée par Alex MacClean évoque avec allégresse le retour de la belle saison.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 18 MARS 2023

ÉDITORIAL • 18 MARS 2023

Au cours de l’année dernière, l’instabilité géopolitique a entraîné l’envolée des prix énergétiques et des carburants. Aujourd’hui, ce sont les prix des denrées alimentaires qui ont pris le relais et font la course en tête. Les prix grimpent et grimpent encore et ce sont, sans surprise, les ménages les plus modestes qui subissent de plein fouet l’inflation galopante. La hausse des prix est particulièrement visible dans les rayons des grandes surfaces où la valse des étiquettes contraint le consommateur à faire le tri dans son caddie. Afin d’éviter de faire bondir son ticket de caisse, il se prive de produits devenus trop chers, repère les promotions ou choisit des produits plus bas de gamme. Si les effets de la crise économique sont omniprésents, les histoires qui la racontent se nichent bel et bien dans les allées des supermarchés. En transformant temporairement sa galerie d’art en supérette et en apposant un logo dessiné par lui sur certains produits, Gabriel Orozco remettait en question la façon dont nous consommons. Aujourd’hui, les produits présentés dans les rayons des grandes surfaces racontent à eux seuls comment la population s’adapte à une conjoncture économique délicate.

Depuis près de deux semaines, des tonnes de detritus jonchent les trottoirs et s’entassent dans les rues de plusieurs grandes villes françaises. Paris n’est pas épargnée et la capitale perd, au fil du temps qui passe, de sa superbe. Si la grève des éboueurs met à mal la ville la plus visitée au monde et le quotidien de ses habitants, elle a le mérite de mettre en exergue, à l’instar de la performance (1977-1980) de Mierle Laderman Ukeles, l’invisibilité et la minimalisation du travail de ceux qui sont pourtant les garants de la salubrité publique et de la vie collective.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 11 MARS 2023

ÉDITORIAL • 11 MARS 2023

Célébrée tous les 8 mars, la journée internationale des droits des femmes commémore les manifestations qui ont permis aux suffragettes et aux ouvrières de réclamer, à l’aube du XXème siècle, le droit de vote et de meilleures conditions de travail. Depuis 1977, l’Organisation des Nations-Unies a officiellement adopté cette journée pour célébrer non seulement les acquis et les victoires mais aussi pour continuer à faire progresser l’égalité entre les sexes. Le thème choisi cette année vise à favoriser et à renforcer l’insertion des femmes dans les domaines de l’ingénierie et des technologies. En effet, si l’histoire de l’informatique a été marquée à ses débuts par des pionnières comme Ada Lovelace, à qui l’on doit le tout premier programme informatique, ou Grace Hopper, qui inventa le mot “bug”, le secteur est aujourd’hui dominé par la gent masculine. Inspirée par la culture digitale, on se plaît à rêver que l’œuvre de Cory Arcangel invite les femmes à faire fi des stéréotypes de genre, à plébisciter elles aussi les filières scientifiques, et à oser, même si le chemin vers l’égalité reste long, “emprunter la route la moins fréquentée”.

Si les acquis en matière de droits des femmes et les motifs de mobilisation varient d’un pays et d’une région du monde à l’autre, les violences subies par ces dernières restent la manifestation la plus flagrante des inégalités homme-femme et constituent l’une des violations des droits humains les plus fréquentes. Les violences sexistes et sexuelles perdurent comme le révèle jour après jour le décompte des féminicides recensés tant en Europe qu’ailleurs. L’installation d’Elina Chauvet rappelle que le féminicide n’est pas un simple fait divers mais bien un fait de société, une épidémie silencieuse qui touche les femmes du monde entier… S’il est vrai qu’on ne naît pas femme, il arrive malheureusement trop souvent encore qu’on en meurt.

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Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2023, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 4 MARS 2023

ÉDITORIAL • 4 MARS 2023

“Et la lumière fut”… Il y a quelques jours, le ciel s’est paré de ses plus beaux atours et les amateurs d'aurores boréales et d’astronomie n'ont pas eu à se propulser vers le Grand Nord pour s’en mettre plein la vue. Provoqué par l’activité magnétique du soleil, ce phénomène lumineux, encore rarissime sous nos latitudes, devrait s'intensifier dans les années à venir, non pas à cause du réchauffement climatique, mais à cause du cycle de vie du soleil. En début de semaine, il a pu être observé, deux nuits d’affilée, dans bon nombre de régions du nord de l'Europe, notamment en Angleterre, en Irlande et en Écosse mais aussi en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Hypnotisants à souhait, les “rideaux de lumière” verts, roses et violets qui flottaient dans le ciel et illuminaient la nuit en ont ébloui plus d’un… L’installation immersive d’Ann Veronica Janssens nous propose un voyage sensoriel dans un espace hors du temps et nous invite elle aussi à profiter pleinement de l’expérience in situ.

Éclipsées par la luminosité du soleil pendant la journée, les étoiles ne sont visibles à l’œil nu que de nuit. Force est de constater toutefois que l’omniprésence de la lumière artificielle dans nos villes et nos agglomérations, rend le plaisir de les observer la nuit de plus en plus rare. Une étude récente montre d’ailleurs que la croissance de la pollution lumineuse du ciel nocturne est exponentielle et qu’elle est en passe d’éteindre nos étoiles. À ce titre, la “nuit noire” étoilée que le tableau de Vija Celmins offre à notre regard est aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, un espace en voie de disparition.

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Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2023, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 25 FÉVRIER 2023

ÉDITORIAL • 25 FÉVRIER 2023

Quand on pense à la cité des Doges, on pense immanquablement aux eaux de sa lagune. Venise et ses ponts pittoresques, Venise et ses canaux miroitants, Venise et ses gondoles romantiques... Si ce sont généralement les grandes marées (que les vénitiens appellent “Acque Alte”) et les inondations qui sont médiatisées, ce mois-ci, en plein carnaval, c’est le phénomène inverse qui fait la une des journaux. Conséquence directe du déficit hydrique qui impacte une partie de l’Europe et le nord de l’Italie en particulier, la marée descendante est cette année d’une durée exceptionnelle. Les faibles précipitations de cet hiver ont entraîné l’assèchement complet de certains des canaux emblématiques de la cité lacustre et perturbé les voies navigables qui se sont transformées en ruelles boueuses. Gondoles, ambulances aquatiques, bateaux-taxis et bateaux approvisionnant les commerces sont contraints et forcés de rester à quai. Que c’est triste Venise sans ses gondoles… On se plaît à espérer, en contemplant la photographie de Michael Kenna, que la Sérénissime retrouvera bientôt toute sa superbe.

Il est libre Flaco, il est libre, y’en a même qui disent qu’ils l’ont vu perché sur la branche d’un arbre de Central Park… Il y a 3 semaines, un hibou grand duc s’est fait la belle du zoo new-yorkais et a retrouvé, à la faveur d’un acte de vandalisme, sa liberté chérie. Bien qu’il ait passé la majeure partie de sa vie en captivité, le rapace s’est, contre toute attente, très bien adapté à son nouvel environnement. Flaco a non seulement retrouvé son instinct de chasseur, mais il participe activement à l’éradication des nombreux rats qui envahissent le parc. Imperturbable, Portos, le hibou que Franck Christen offre à notre regard, semble nous observer de ses yeux jaunes et force, à l’instar de Flaco, notre admiration.

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Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2023, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 18 FÉVRIER 2023

ÉDITORIAL • 18 FÉVRIER 2023

Construit à la fin du XIXème siècle pour permettre aux navires britanniques en provenance de Montréal d’atteindre Ottawa, le canal Rideau est un chef-d'œuvre d'ingénierie qui se transforme chaque hiver, depuis 53 ans déjà, en la plus grande patinoire en plein air du monde. Inscrit au patrimoine de l’UNESCO et situé en plein cœur du centre ville de la capitale canadienne, le tronçon de 7,8 km est un lieu emblématique qui, de début janvier à la mi-mars, attire tant touristes, badauds que locaux. Cette année pourtant, pour la première fois de son histoire, en raison du troisième hiver le plus doux jamais enregistré dans l’une des capitales les plus froides du monde, la patinoire de tous les superlatifs ne pourra ouvrir ses portes au public. Les 30 centimètres requis pour assurer que la qualité de la glace réponde aux normes de sécurité du patinage ne sont en effet pas de mise. De ce fait, et contrairement aux patineurs dépeints par Elizabeth Lennie, ceux qui s’aventureraient sur le canal se mettraient en péril en marchant, pour paraphraser la chanson de Yoko Ono, sur une glace bien trop fine.

En constante mutation, le pays du Soleil Levant est un archipel volcanique qui, en dehors de ses quatre îles principales, s’étendait, jusqu’à il y a quelques jours à peine, sur près de 7000 îles et ilots. Se fondant sur des grilles d’analyse géographiques différentes, l’autorité japonaise d’information géospatiale est toutefois en passe de révéler que, si la surface du territoire japonais reste inchangée, le nombre d’îles recensées depuis le décompte de 1987, est à multiplier par deux. Perdu entre le ciel et l’eau, l’îlot imaginaire d’Hans Landsaat semble lui aussi surgir de nulle part.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 11 FÉVRIER 2023

ÉDITORIAL • 11 FÉVRIER 2023

On a beau savoir que la valse des continents est incessante et que la croûte terrestre est perpétuellement en mouvement, les tremblements de terre suscitent toujours la stupeur. À ce jour, nonobstant les progrès en matière de collecte de données et de cartographie, il est encore impossible de prévoir avec certitude la localisation ou l’intensité d’un séisme. À ce titre, bien que le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie soient situées dans des zones sismiques particulièrement actives, les secousses provoquées par le déplacement des plaques tectoniques en début de semaine ont été dévastatrices et ont occasionné des dégâts, tant humains que matériels, considérables. Le tremblement de terre d'une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter, est survenu à l’aube. Le séisme et les deux répliques qui ont suivi ont fait, selon les derniers bilans officiels près de 25000 morts et des milliers de blessés et de sans-abris. Des régions entières ont été ravagées à des centaines de kilomètres à la ronde. La composition d’Abraham Palatnik évoque de façon subliminale l’enregistrement visuel des vibrations du sol captées par un sismographe.

En France, il y a 70 ans déjà, le lancement de la collection “Livre de Poche” secouait le monde de l’édition… Produit à moindre coût et moins onéreux à l’achat, le format poche fait aujourd’hui partie intégrante du secteur du livre. Accessible à tous, il a non seulement rendu possible la démocratisation de la littérature mais aussi celle de la lecture. Le tableau de Jess Allen rappelle que si la lecture est un acte solitaire, le livre nous relie au monde et "est comme un jardin que l’on peut mettre dans sa poche.”

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 4 FÉVRIER 2023

ÉDITORIAL • 4 FÉVRIER 2023

On pensait les carottes cuites mais, aussi incroyable et improbable que cela puisse paraître, la minuscule capsule radioactive tombée d’un camion dans l’outback australien il y a une semaine a refait surface. Les autorités ont déployé les grands moyens et passé au peigne fin plusieurs centaines de kilomètres avant de la retrouver au bord d’une route déserte près de la mine d'où elle avait été transportée. Comme quoi, tout arrive à qui y met du sien, surtout si l’obscur objet du désir, de la taille d’un petit pois extra fin, contient du Césium-137, une substance hautement radioactive qui permet de mesurer la densité du minerai de fer dans les mines. Quand on sait que l’objet minier aurait pu émettre des rayonnements radioactifs pendant les 300 prochaines années, on comprend mieux le ouf de soulagement poussé tant par les habitants que par les autorités. Assemblée à partir de résidus collectés, entre autres, sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, la sculpture de Trevor Paglen met en exergue la toxicité invisible des radiations.

Rares sont ceux et celles qui n’ont à ce jour entendu parler, à un moment ou à un autre, au détour d’une conversation sur le rangement, de la méthode KonMari. Selon ladite méthode, à l’instar de la citation qui veut que ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, un intérieur bien rangé aiderait à avoir les idées claires. Changement de cap toutefois récemment… La papesse de la méthode de rangement éponyme a fait les gros titres de la presse en reconnaissant que la magie du désencombrement a ses limites. Si l’œuvre de John Giorno donnerait à certains l’envie de retomber dans leurs anciens travers, elle rappelle aussi que le bonheur est un délicat équilibre entre ce que l’on est et ce que l’on a.

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Zoé Schreiber

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